L'autre nuit

Au fil de la descente, la sensation de vertige et d’étouffement s’accentue. Ce qui surgit au fond, c'est un monde inconnu, qui s’étend par delà la surface en galeries labyrinthiques, plus sombres les unes que les autres. Ici, les ombres disparaissent, le corps est happé par une étouffante chaleur, la perception s'altère au gré du paysage qui se découvre.
Il faut s’orienter, progresser dans les entrailles de la terre, chercher la lumière, avec pour seul écho celui des machines et des ténèbres. L'asphyxie est presque palpable - l’ivresse des profondeurs se fait sentir. Bien plus qu’un voyage souterrain, c’est une plongée dans l’imaginaire du lieu qui s’opère, une immersion dans les lieux de la mémoire collective qui deviennent, par une étrange alchimie, les lieux de notre mémoire personnelle et photographique.

L’autre nuit cherche à faire correspondre une réalité avec la vision mythologique qui s’est peu à peu modelée et inscrite dans les mémoires depuis l’apparition des premières mines industrialisées. L'expérience souterraine est venue s'immiscer dans l'imaginaire qui nous habite.
Dans un tiraillement entre pseudo fiction et prétendue réalité, ce tableau photographique se présente comme les réminiscences conjointes du vécu, de la mémoire et de l'expérience .

Désormais nous ne percevrons plus de la même manière ces terrils, ces monts noirs, ces iceberg de poussière qui se dressent comme des stèles sur les lambeaux d'un monde.